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15. Hibernaculum

About the end of winter / À propos de la fin de l'hiver
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Le texte en français se trouve à la suite du texte anglais.

Hibernaculum - About the end of winter

Hibernaculum is the title of a great track by the band Earth, that I have been listening to a lot during this winter. I love the slow, hypnotic pace of their music, which I find perfect for this season.

A hibernaculum is a shelter made by different animals for winter hibernation. It can be made with vegetal materials or it can be a specific natural site chosen for its ability to protect the animal from the winter cold. The shelter stands between the cold and the animal, between the winter and the living creature that slows down its metabolism and waits until the sun reigns again in the sky.

During winter, you can find various animals in different types of hibernacula, such as underground burrows for rabbits, foxes, badgers, and moles; rock crevices for rattlesnakes, lizards, and chipmunks; hollow trees for owls, squirrels, and raccoons; leaf litter for turtles, snakes, and frogs; tree cavities for woodpeckers, chickadees, and bluebirds; clumps of vegetation for mice and voles; caves for bats, bears, and snakes; brush piles for rabbits and some other snakes; mud burrows for turtles, frogs, and salamanders; nest boxes for bluebirds, owls, and wood ducks; and rocky outcrops for rattlesnakes and lizards.

In winter, fewer things are happening, and the opportunities to take pictures become scarcer. The less I see, the more I hear and dream. The sensitivity to noises, sounds, and moving shadows grows. Animals witness the world outside through muffled sounds and visions, while humans watch their blue screens and black mirrors and listen to music. We all may hear the steps of giant beasts outside.

The eyes turn inward, and it's a time of introspection, remembering and hope. I can imagine the children listening to the stories told in the flickering light of the oil lamps in caves, fascinated by the tales of hunts or love in the summer yet to come again when I read The Lord of the Rings to my children. Through my voice I convey to them this beautiful epic story of hope, that takes the landscapes and the seasons as seriously as the characters it depicts with an uplifting fascination for everlasting beauty. The images we see in the film adaptations will never rival the richness of the images invoked by the human voice and the words in a child’s mind.

The digital age brought us an extension of the ancient shadow puppet show that is so vivid it can be hacked to entirely captivate our attention and prevent us from the necessary introspection. It can even be used to make the viewer forget about the world outside, creating an entirely new reality for those who will be lost in it. The puppeteers are many and not always well-intentioned.

Outside when it's sunny, it's easy to get in touch with nature, but when it's cold and we coddle together in our caves, it's all about the stories we tell each other. There is something about staying in touch with nature, and our true nature, that shouldn't be hijacked. The well-intentioned puppeteers and storytellers are the ones that will tell us and show us a natural world we want to be a part of, and stories whose meaning is mysteriously true, always, and everywhere.

Societies and civilizations have their seasons too, their springs and their winters. In epochal winters, there’s nostalgia for the better days. Everything is a remake of things that once were new, irony, pastiche and sneer are what is left to the one who can't easily experience the vitality of being part of a springtime. Truly independent people are seen as a threat and as abnormal, and veiled conformity reigns supreme, thinning the spirits until everything is broken and the walls of the caves are shattered.

We shall first be blinded by the sunlight, then, when our eyes adapt, we will have a home again right where we’re supposed to. But until then, we might have to throw rocks at the giant beasts still roaming outside, who might not be as big and fearful in the light of day.


Hibernaculum - À propos de la fin de l’hiver

Hibernaculum est le titre d'un excellent morceau du groupe Earth, que j'ai beaucoup écouté au cours de cet hiver. J'adore le rythme lent et hypnotique de leur musique, que je trouve parfaite pour cette saison.

Hibernaculum, en latin et en anglais, se dit hibernacle en français, et désigne un abri fabriqué par différents animaux pour l'hibernation. Il peut être fabriqué avec des matériaux végétaux ou être un site naturel spécifique choisi pour sa capacité à protéger l'animal du froid hivernal. L'abri se situe entre le froid et l'animal, entre l'hiver et l'être vivant qui ralentit son métabolisme et attend que le soleil règne à nouveau dans le ciel.

Pendant l'hiver, on peut trouver différents animaux dans différents types d'hibernacles, tels que les terriers souterrains pour les lapins, les renards, les blaireaux et les taupes ; les crevasses rocheuses pour les crotales, les lézards et les tamias ; les arbres creux pour les hiboux, les écureuils et les ratons laveurs ; les litières de feuilles pour les tortues, les serpents et les grenouilles ; les cavités des arbres pour les pics, les mésanges et les merles bleus ; les touffes de végétation pour les souris et les campagnols ; les grottes pour les chauves-souris, les ours et les serpents ; les tas de broussailles pour les lapins et certains autres serpents ; les terriers de boue pour les tortues, les grenouilles et les salamandres ; les nichoirs pour les merles bleus, les hiboux et les canards des bois ; et les affleurements rocheux pour les crotales et les lézards.

En hiver, il se passe moins de choses, et les occasions de prendre des photos se raréfient. Moins je vois, plus j'entends et je rêve. La sensibilité aux bruits, aux sons et aux ombres en mouvement augmente. Les animaux perçoivent le monde extérieur à travers des ombres et des sons étouffés, tandis que les humains regardent leurs écrans bleus et leurs miroirs noirs et écoutent de la musique. Il arrive à tous d’entendre les pas des bêtes géantes à l'extérieur.

Les yeux se tournent vers l'intérieur, et c'est un moment d'introspection, de souvenir et d'espoir. J'imagine les enfants écoutant les histoires racontées à la lumière vacillante des lampes à huile dans les grottes, fascinés par les récits de chasse ou d'amour dans l'été à venir, lorsque je lis Le Seigneur des anneaux à mes enfants. Par ma voix, je leur transmets cette belle histoire épique d'espoir, qui prend les paysages et les saisons aussi au sérieux que les personnages qu'elle dépeint, avec une fascination exaltante pour la beauté qui dure toujours. Les images que nous voyons dans les adaptations cinématographiques ne rivaliseront jamais avec la richesse des images invoquées par la voix humaine et les mots dans l'esprit d'un enfant.

L'ère numérique nous a apporté une extension de l'ancien spectacle d'ombres chinoises, qui est si vivante qu'elle peut être détournée pour captiver entièrement notre attention et nous empêcher de faire l'introspection nécessaire. Il peut même être utilisé pour faire oublier au spectateur le monde extérieur, créant une réalité entièrement nouvelle pour ceux qui s'y perdront. Les marionnettistes sont nombreux et pas toujours bien intentionnés.

Dehors, lorsqu'il fait soleil, il est facile d'entrer en contact avec la nature, mais lorsqu'il fait froid et que nous nous blottissons les uns contre les autres dans nos grottes, tout tourne autour des histoires que nous nous racontons. Il y a quelque chose dans le fait de rester en contact avec la nature, et notre vraie nature, qui ne devrait pas être détourné. Les marionnettistes et les conteurs bien intentionnés sont ceux qui nous racontent et nous montrent un monde naturel qui nous donne envie d’en faire partie, et des histoires dont le sens est mystérieusement vrai, en tous temps et en tous lieux.

Les sociétés et les civilisations ont aussi leurs saisons, leurs printemps et leurs hivers. Dans les hivers sociétaux, il y a la nostalgie des jours meilleurs. Tout est un réécriture de choses qui étaient autrefois nouvelles. L'ironie, le pastiche et le sarcasme sont ce qui reste à celui qui ne peut pas facilement faire l’expérience de la vitalité d'un printemps. Les personnes réellement indépendantes sont considérées comme une menace et comme anormales, et le conformisme voilé règne en maître, amincissant les esprits jusqu'à ce que tout soit brisé et que les murs des cavernes se fracassent.

Nous serons d'abord aveuglés par la lumière du soleil, puis, lorsque nos yeux s'adapteront, nous aurons à nouveau un foyer là où nous sommes censés être. Mais d'ici là, nous devrons peut-être jeter des pierres aux bêtes géantes qui rôdent encore à l'extérieur, et qui ne seront peut-être pas aussi grosses et effrayantes à la lumière du jour.

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Auteurs
Alain Astruc